Nous sommes un jeudi après midi et pris au piège vous devez assister à une réunion.
Le mot est lâché, terrible, net et dérisoire par la même.
Nous nous retrouvons une quinzaine dans une salle aux angles biscornus et aux murs tapissés de jaune bon marché.
Nous sommes installés autour de tables parallélépipédiques qui s’emboîtent tant bien que mal et qui ne manquent pas de vous pincer cruellement le gras de l’avant bras si d’aventure vous le laissez traîner dans une des jointures.
Toute bonne réunion dans ma branche d’activité (tenue secrète pour des raisons de sécurité nationale) comme par un « petit tour de table ».
Chacun anone son nom que soit on oublie immédiatement ou que l’on écrit n’importe comment sur une feuille volante qui de toutes les façons va finir à la poubelle.
Une fois les présentations finies on se lance à corps perdu dans le cœur de la réunion, sans oublier les 2 ou 3 déclarations préalables des leaders que personne n’écoute ou presque, mais qui arrachent des hochements convenus de tête à toute l’assemblée.
La litanie des situations peut commencer pendant 3 heures. Les leaders mènent les débats, interpellent à tour de rôle les autres participants intéressés, le tout entrecoupé de silences.
Quand vous êtes interrogé, soit vous avez des choses utiles à dire, soit sans précisions à apporter (vous représentez une équipe qui elle-même a dû être la plus précise possible en amont sur les dossiers et faire son boulot) vous devez meubler en redisant les choses inscrites sur le listing que tout le monde possède mais sous une forme différente, histoire de poisser le noyon et de ne pas passer, votre équipe et vous-même, pour une belles bande de buses.
Hormis ces rares moments d’activité vous retombez dans une léthargie propice à l’endormissement. Et c’est là que le danger guette, surtout en début d’après midi, avec la chaleur, le doux ronron de la conversation tel l’enchaînement des chansons sur l’album du dernier album des Red Hot Chili Peppers.
Les plus vaillants suivent (un peu) la conversation ou échangent des regards gênés ou compulsent leurs notes (ou gribouillent des mots pour le prochain sujet de leur blog).
Le temps devient incertain, on ne sait plus trop si c’est 15 ou 16 heures. Une cour de récréation bruyante à proximité vous permet de vous resituer dans la chronologie.
Si vous n’avez ni montre ni téléphone portatif, comme moi, vous devez vous dévisser la tête pour glaner des informations sur les poignets de vos voisins, qui possèdent souvent des modèles illisibles avec de petites aiguilles.
Certains participants ont, par chance, une autre réunion ou un autre truc indéterminé qu’ils marmonnent à l’assemblée leur permettant de s’éclipser avant la fin du supplice (avec un grand sourire sur les lèvres tu m’étonnes !!!).
Vous les enviez et vous envisagez même de vous barrer comme un malpropre avant la fin comme au bon vieux temps de la fac.
Quand le terme de la réunion est proche, chacun commence à trépigner sur sa chaise, plus personne n’ose prendre la parole de peur de relancer un round d’échanges qui va prolonger encore plus le combat.
Certains commencent à ranger ostensiblement leurs papiers et crayons pour bien signifier aux autres que ça suffit, qu’il faut en finir.
Il y en a toujours 1 ou 2 qui continuent leur monologue, quêtant des réponses à leurs questions restées en suspens dont tout le monde maintenant se fout.
Le silence peu à peu s’installe, même les plus récalcitrants en conviennent et pour ne pas perdre la face proposent de se rappeler ou de s’envoyer un mail et tout le monde se quitte sur ce gros mensonge.